Visites de terrains vagues




Terrain : « espace, étendue de terre de forme et de dimensions déterminées. »
Vague : du latin vacuus, vide, « errant, vagabond que l’esprit a du mal à saisir, à cause de son caractère mouvant ou de son sens mal défini, mal établi ; dont l’objet, la raison manquent de netteté, sont changeants. Ce qui n’est pas défini, fixé. »

 
Dans le cadre de ce projet, nous nous sommes rendues dans les terrains vagues de la ville de Rennes. Nous avons exploré ces « zones blanches » de la carte, pour tenter de définir ce que sont ces terrains et ce qui s’y trouve, et afin de les expérimenter, les éprouver.

C’est à chaque fois une aventure d’aller à la découverte d’un lieu qui n’a pas de codes, dont l’existence n’est définie qu’en creux par rapport celle de la ville. Nous allons de surprise en surprise, des brèches s’ouvrent, on s’y glisse. Ces lieux qui se dérobent habituellement à notre regard, ces espaces autres, cachés mais limitrophes, finalement agrandissent la ville et donnent place à un autre monde.
 







 

 
Le terrain vague est un lieu non construit dans la ville. Il est souvent en attente d’une reconstruction, parfois abandonné. C’est un lieu délaissé. C’est un vide, un trou, un entre-deux. Un lieu dans lequel tout peut renaitre : il n’est pas programmé, surveillé, ni pensé. Il existe de lui même : d’autant plus fort que le temps lui est parfois compté.
C’est un espace sans police, qui échappe au contrôlé et au planifié. Un espace libre et ouvert, un point de départ pour l’imaginaire collectif urbain.
Le terrain vague est nécessaire à la ville : c’est le lieu d’un désordre, d’une anarchie où la nature et certains hommes reprennent leur droit de territoire, pour un temps.
Un lieu où il est possible de construire de rêver, d’envisager, de penser. C’est un autre monde qui s’ouvre, qui ouvre l’esprit. C’est un lieu fragile et éphémère. En attente.
C’est un lieu d’empreintes, de traces, à archiver.
C’est un lieu qui parle, qui raconte, qui s’exprime, qui chuchote.
C’est un lieu qui libère, qui invite à la découverte, à la dérive, à la flânerie, à la promenade, à la rêverie.
C’est un lieu de l’immensité telle que la définie Gaston Bachelard, il ouvre « le monde dans un dépassement du monde vu tel qu’il est. » .
C’est un lieu qui s’apprivoise.
Souvent au premier abord il semble vide de par son immensité. Puis il s’ouvre, il se dévoile. Lorsque qu’on s’y promène il semble se déployer au fur et à mesure, changer comme dans la zone de Stalker , évoluer au fil de nos pas. C’est un lieu vivant.
Des détails et de petits mondes apparaissent, par fragments, au fil de la découverte.
Ils montent à la surface au fur et à mesure qu’on l’arpente.
Comme le dit Gilles Clément dans le Manifeste du tiers paysage, « Un espace de vie privé de Tiers paysage serait comme un esprit privé de l’inconscient. » .
Les terrains vagues sont indispensables à l’errance de l’esprit.